Dans le cadre de mon master 2, j'ai eu l'opportunité d'écrire un mémoire académique sur un sujet de mon choix dans le champs des sciences de la communication et de l'information. J'ai ainsi pu, par le prisme des sciences sociales mettre en corrélation mes domaines de prédilection (et de passion) : la médiation culturelle, les nouvelles technologies de l'information et l'Histoire. C'est tout naturellement que je me suis orientée vers la notion de mémoire collective, celle-ci m'intéressant depuis mes études d'Histoire. J'ai trouvé pertinent de l'analyser dans un espace social récent : les réseaux sociaux numériques.
Après quelques recherches pour aiguiller mon sujet, une campagne de communication a attiré mon attention : Léon Vivien, un poilu de 14 fictif s'exprimant sur facebook. Ces nouveaux modes de médiation produits par les institutions culturelles m'ont autant passionnée que questionnée ... j'avais trouvé mon sujet.
Après quelques recherches pour aiguiller mon sujet, une campagne de communication a attiré mon attention : Léon Vivien, un poilu de 14 fictif s'exprimant sur facebook. Ces nouveaux modes de médiation produits par les institutions culturelles m'ont autant passionnée que questionnée ... j'avais trouvé mon sujet.
L'utilisation des réseaux sociaux numériques pour la médiation mémorielle : réflexion sur les nouvelles pratiques communicationnelles des médiateurs du patrimoine.
“La mémoire comme fait social est d’abord un fait de communication” écrit Henry Rousso dans son essai intitulé Face au passé 1. L’Historien affirme, en s’appuyant sur théories de Maurice Halbwachs, que la mémoire à l’échelle de la société repose fondamentalement sur une transmission de récits, de patrimoines, d’histoires entre les générations. La mémoire collective, se placerait donc dans un espace public constitué de communications et d’interactions humaines. Mémoire collective et communication, deux conditions inhérentes à la vie en société intimement liées de par leurs mécanismes et leurs idéaux communs.
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Depuis une dizaine d’années, les réseaux sociaux sont le théâtre de nombreuses expérimentations en matière de médiation culturelle et historique, qu’il s’agisse de projets institutionnels ou d’initiatives de particuliers passionnés. Pour les médiateurs du patrimoines, l’utilisation du numérique et plus précisément leur présence sur les réseaux sociaux numériques est devenue incontournable. Ces derniers offrent, d’une part l’opportunité d’un renouvellement des publics parce que les utilisateurs y sont plus jeunes, d’autre part une modernisation des discours grâce à l’instantanéité et la possibilité d’interactions avec le public. Plus que des moyens de communication, les réseaux sociaux peuvent se révéler être de véritables dispositifs de médiations mémorielles. Le 10 avril 2013, le Musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux lance sur Facebook une opération de communication originale : Léon Vivien. Ce personnage fictif, sorte d’avatar numérique est l’incarnation du « poilu de 14 ». L’agence DDB Paris a imaginé une chronique fictive sous forme de posts quotidiens, basés sur des archives historiques et des photographies, qui raconte l’Histoire à travers cet enseignant parti au front. En l’espace de 48 heures, 20 000 personnes avaient déjà « liké » la page. Ce sont jusqu’à 60 000 personnes qui suivront les aventures de Léon jusqu’à sa mort. Cette expérience digitale proposait donc d’allier Histoire, devoir de mémoire, mise en récit, partage de patrimoines et d’archives, le tout sur le plus grand réseau social numérique de l'époque, Facebook. Cette médiation originale, basée sur des vecteurs traditionnels – le patrimoine, le récit, les images - utilise ainsi les méthodes du « storytelling » avec les codes et les logiques nouvelles imposées par les réseaux sociaux.
La présence du passé sur les réseaux sociaux fait écho avec la temporalité induite par la notion même de mémoire : les souvenirs partagés laissent des traces dans le présent et ce malgré les mutations techniques et sociales. Il est ainsi intéressant d’observer que sur les réseaux sociaux numériques, la transmission entre générations s’élabore même si cet espace n’existe que depuis 20 ans. Ce rapport entre le passé et le présent, cette transmission entre générations anciennes et nouvelles, sont inhérents au concept de
mémoire collective. En outre, on retrouve sur les réseaux sociaux numériques, des mécanismes d’identité et de groupes étroitement liés aux fonctions de la mémoire collective. Pour les institutions patrimoniales (musées, monuments, sites archéologiques, archives...etc.) chargées de « raconter » la mémoire par le patrimoine, les réseaux sociaux apparaissent comme une opportunité pour l’expérimentation de modes de médiation innovants. Cependant, tout comme la notion de mémoire ne peut être réduite à un mécanisme physique, les réseaux sociaux numériques ne représentent pas uniquement un dispositif technique : les deux nécessitent un recul, une étude sur leurs impacts, leurs mécanismes sociaux et leur éthique. Il serait donc intéressant de questionner ces nouvelles pratiques au service de la mémoire collective, et ainsi se demander si la mise en place de nouvelles stratégies communicationnelles sur les réseaux sociaux numériques, pour la médiation de la mémoire, représente un enjeu intéressant ou un pari risqué pour les institutions patrimoniales.
mémoire collective. En outre, on retrouve sur les réseaux sociaux numériques, des mécanismes d’identité et de groupes étroitement liés aux fonctions de la mémoire collective. Pour les institutions patrimoniales (musées, monuments, sites archéologiques, archives...etc.) chargées de « raconter » la mémoire par le patrimoine, les réseaux sociaux apparaissent comme une opportunité pour l’expérimentation de modes de médiation innovants. Cependant, tout comme la notion de mémoire ne peut être réduite à un mécanisme physique, les réseaux sociaux numériques ne représentent pas uniquement un dispositif technique : les deux nécessitent un recul, une étude sur leurs impacts, leurs mécanismes sociaux et leur éthique. Il serait donc intéressant de questionner ces nouvelles pratiques au service de la mémoire collective, et ainsi se demander si la mise en place de nouvelles stratégies communicationnelles sur les réseaux sociaux numériques, pour la médiation de la mémoire, représente un enjeu intéressant ou un pari risqué pour les institutions patrimoniales.